Le commerce extérieur vietnamien en 2024 : un nouveau record, en attendant un nouveau souffle

Après une contraction en 2023, le commerce extérieur du Vietnam a rebondi de 15,4 % en 2024, atteignant un record de 786,3 milliards USD. Cette reprise est portée par la croissance des exportations (+14,3 %, soit 406 milliards USD) et des importations (+16,7 %, soit 380,8 milliards USD), générant un excédent commercial de 24,8 milliards USD. Le pays poursuit ainsi son intégration aux chaînes de valeur mondiales, bénéficiant du déplacement des industries depuis la Chine dans le contexte des tensions sino-américaines et d’une politique commerciale ambitieuse avec 17 accords couvrant 53 pays. Cependant, le commerce de services reste limité (12,6 % du PIB) et structurellement déficitaire.

Les exportations vietnamiennes sont fortement concentrées vers les États-Unis (29,5 %), où l’excédent commercial a atteint un niveau record de 123 milliards USD en 2024 (+20 %), faisant du Vietnam le troisième pays contribuant au déficit américain. Cette dépendance expose le pays aux risques de mesures protectionnistes, notamment sous l’administration américaine actuelle. Les autres principaux partenaires commerciaux du Vietnam sont la Chine, la Corée du Sud et le Japon, tandis que la France n’arrive qu’en 24ᵉ position. En termes de produits, les exportations sont dominées par les équipements électroniques (31,2 %), tandis que la part du textile et des chaussures diminue progressivement.

En parallèle, le Vietnam dépend fortement des importations chinoises, qui représentent 37,9 % du total (+33,9 % par rapport à 2023). Cette situation contredit l’objectif de Hanoi de diversifier ses fournisseurs pour réduire sa vulnérabilité aux fluctuations géopolitiques. La majorité des importations vietnamiennes sont des composants électroniques et des équipements industriels destinés à l’assemblage local. Les autres principaux fournisseurs du Vietnam sont la Corée du Sud (55,9 milliards USD), Taïwan et le Japon, tandis que les États-Unis occupent la cinquième place (15,1 milliards USD).

Le commerce extérieur du Vietnam est largement dominé par les entreprises à capitaux étrangers, qui contribuent à 71,3 % des exportations malgré ne représenter que 3 % des entreprises du pays. Cette forte dépendance limite la montée en gamme de l’économie nationale, car les entreprises locales restent principalement tournées vers le marché intérieur et sont faiblement intégrées aux chaînes de valeur mondiales. L’indice d’intégration du Vietnam dans ces chaînes a d’ailleurs reculé ces dernières années, illustrant les difficultés du pays à capter davantage de valeur ajoutée.

Bien que le Vietnam ait diversifié ses exportations, il reste spécialisé dans des tâches à faible valeur ajoutée. Les investissements étrangers sont encore largement attirés par ses coûts de production bas, entraînant une concentration des activités dans des secteurs intensifs en main-d’œuvre et une faible montée en gamme. Par exemple, la valeur ajoutée locale dans les exportations électroniques ne représente que 15 %, et seulement 12 % des exportations totales du pays intègrent des services. De plus, le Vietnam importe encore massivement des services à haute valeur ajoutée, freinant son développement industriel.

Pour atteindre son objectif de devenir une économie à revenu élevé d’ici 2045, le Vietnam met en place plusieurs réformes visant à améliorer la qualité de sa main-d’œuvre et de ses infrastructures. Parmi les initiatives récentes figurent des programmes de formation pour l’industrie électronique, un objectif d’investissement de 3 % du PIB dans l’innovation, ainsi que le développement des infrastructures de transport. En outre, le pays cherche à réduire son empreinte carbone pour rendre ses exportations plus compétitives, avec la relance d’un programme nucléaire prévu pour les années 2030.

Toutefois, cette transition vers une économie à plus forte valeur ajoutée intervient dans un contexte mondial marqué par des tensions commerciales croissantes et des politiques industrielles protectionnistes. Alors que de nombreux pays cherchent à relocaliser leurs industries stratégiques, le Vietnam doit repenser son modèle de développement pour rester compétitif. La dépendance au commerce extérieur, bien qu’ayant favorisé la croissance et la réduction de la pauvreté, expose également le pays à des risques économiques et sociaux importants en cas de ralentissement de la demande mondiale.

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