Le secteur de l’agro-alimentaire au Vietnam

Représentant 14% du produit intérieur brut (PIB) et constituant le premier secteur d’emploi, l’agriculture est un secteur historique et caractéristique de l’économie vietnamienne. 

Néanmoins, la production nationale demeure restreinte à certains produits tels que le riz, le café, le maïs, le porc ou encore le caoutchouc. Ainsi, pour compléter le déficit existant à l’égard de certaines denrées alimentaires (ex : Viandes ; Produits laitiers ; etc.), le Vietnam importe depuis l’Asie mais également, en provenance de l’Union européenne. 

Si, dans le secteur de l’agro-alimentaire, l’Union européenne est déficitaire dans ses échanges commerciaux avec le Vietnam, elle bénéficie d’une excellente image auprès de la population vietnamienne. 

Cette population vietnamienne est en pleine évolution. Au cours des dernières décennies, le pays s’est rapidement urbanisé au profit d’une classe moyenne grandissante et d’une élévation du salaire médian. Le nouveau visage de cette population se traduit par une occidentalisation des goûts. Les jeunes générations sont, quant à elles, davantage tournées vers des produits de qualité et à l’origine certaine. 

Au regard de ces éléments, les produits européens séduisent les consommateurs vietnamiens et le Vietnam séduit les producteurs européens. Cette réciprocité devrait s’intensifier sous l’ère de l’EVFTA qui facilite l’accès au marché vietnamien par un allègement des procédures d’importation et des droits de douanes. Le renforcement de ces échanges devrait également s’effectuer grâce à une plus grande protection des produits européens au Vietnam. 

Les produits européens : une gamme répondant aux attentes d’une population vietnamienne changeante

Les boissons européennes alcoolisées : une qualité recherchée par la classe moyenne vietnamienne

Le marché des boissons alcoolisées au Vietnam est l’un des plus dynamiques en Asie. Cela s’explique par l’expansion d’une classe moyenne aux attentes distinguées, ce qui relance la compétition entre la bière et le vin.

En effet si le Vietnam se hisse à la 7ème place dans le classement des plus grands pays consommateurs de bière et se classe dans le top 3 au niveau de l’Asie la consommation de vin connaît un taux de croissance admirable avec une croissance annuelle moyenne de 10% depuis quelques années. Cette croissance s’explique par l’augmentation de la classe moyenne et de la demande pour des produits de qualité, ainsi qu'une popularité croissante pour les vins importés, notamment pour les vins français.

Les membres de cette classe voient dans la consommation de vin un moyen de se distinguer socialement mais aussi, et surtout, professionnellement. Dans cette quête sociale, le choix du vin n’est pas le fruit du hasard mais bien celui du vignoble. Les vietnamiens portent une attention particulière à la qualité du vin, à la crédibilité de la marque ainsi qu’au packaging. À cet égard, les produits européens sont privilégiés par les consommateurs.

Cette tendance se confirme par les volumes d'importations de vin au Vietnam. La France reste le leader en terme de valeur et de volume d’exportation de vins au Vietnam, suivie du Chili gagnant en popularité grâce a ses vins de qualité à prix compétitifs ainsi que l’Italie et l’Australie.

Néanmoins, et contrairement à la bière, le vin demeure un produit réservé à une certaine partie de la population.

La consommation de bière représente plus de 90% de la consommation d’alcool au Vietnam, soulignant son importance culturelle et économique dans le marché des boissons alcoolisées au Vietnam. Produite localement et vendue à un prix accessible à tous, elle est, sans aucun doute, un élément incontournable de la culture vietnamienne.

Le Vietnam est d’ailleurs en tête du classement au niveau de l’ASEAN, et se positionne en deuxième place juste derrière la Chine. En 2023, la production de bière au Vietnam a atteint environ 5,34 milliards de litres, avec une croissance de 10,4 % par rapport à l'année précédente. Ce chiffre fait du Vietnam l'un des plus grands producteurs de bière en Asie, bénéficiant d'une forte demande locale.

Bien que le marché soit dominé par la production locale, les importations de bières sont de plus en plus importantes (11.1 million d’euros en 2022). Au niveau européen, si les Pays-Bas sont en tête des importations de bières au Vietnam en termes de valeur, la République Tchèque et l’Allemagne partagent le podium avec la Belgique en valeur de bières importées au Vietnam.

En tant qu’élément de socialisation, la consommation de boissons alcoolisées constitue un marché attractif pour les investissements européens, quelle que soit la forme qu’ils prennent.

 

Les produits carnés européens : une sécurité alimentaire rassurant les consommateurs vietnamiens.

Aujourd'hui, la consommation de produits carnés représente 10% de la consommation vietnamienne, soit le troisième type de produit alimentaire le plus consommé au Vietnam.

La viande représente environ 23 % des dépenses alimentaires des ménages, avec une préférence pour le porc et le poulet.

Parmi les viandes, le porc représente ⅔ de la consommation nationale. D’ailleurs, le pays est le premier producteur de viande porcine en ASEAN mais, la multiplication des scandales épidémiques

et sanitaires dans les élevages vietnamiens (cf. Cas de peste porcine en 2019) ouvre ce marché aux entreprises européennes dont les produits bénéficient d’une excellente image (traçabilité, respect des normes d’hygiène).

En 2023, le Vietnam a importé environ 716 000 tonnes de viande, un chiffre qui marque une hausse de 5,4 % par rapport à l'année précédente. Ces importations - d’une valeur d'environ 1,43 milliard de dollars - proviennent principalement de pays comme l'Inde, la Russie, et le Brésil.

Au regard de la tendance de ces dernières années, ce secteur devrait continuer de grandir, entrouvrant une fenêtre d’opportunités pour la viande européenne.

Selon les dernières estimations, la consommation de porc au Vietnam devrait augmenter de 28,3% d’ici 2030. Les taux de croissance annuels de la consommation de poulet sont estimés entre 4 % et 5 % pour les dernières années, et cette tendance devrait se poursuivre jusqu'en 2030.

L’UE représente déjà 10% des importations de viandes au Vietnam mais, les exigences de la demande intérieure soutenues par les effets de l’EVFTA devraient permettre aux producteurs du Vieux continent d’y trouver un intérêt grandissant.

 

Les produits laitiers européens : une consommation émergente au sein de la population vietnamienne

La consommation par personne de produits laitiers reste relativement faible comparé à l’Occident. Toutefois, elle connaît une croissance rapide et soutenue depuis plusieurs années.

Parmi les produits laitiers, le fromage devrait croître à un taux de croissance annuel de 5,45 % entre 2024 et 2029.

Longtemps réservé aux vietnamiens les plus riches et aux touristes, le fromage commence à s’intégrer dans la consommation de la population en général.

La connaissance du fromage, en termes de production, de marques ou d’effets sur la santé, demeure limitée au Vietnam. Cependant, des évènements ont régulièrement lieu à destination du public vietnamien pour diffuser de l’information sur les produits laitiers en général, et sur le fromage en particulier.

Cette tendance semble porter ses fruits puisque si le fromage ne peut pas encore être considéré comme un élément de la cuisine quotidienne, il intègre progressivement certains plats typiques de la cuisine vietnamienne (ex : Thé avec de la gelée de fromage; saucisse au fromage…) et est, également, à l’origine de nouveaux plats.

Aujourd’hui, la France et l’Allemagne se positionnent comme leaders des importateurs de fromages au Vietnam. À eux deux, ils représentent 1⁄5 des importations de fromages dans le pays.

L’EVFTA est arrivé à un moment où le marché est tout juste en train d’émerger laissant, dès lors, entrevoir de belles perspectives pour les producteurs européens.

Finalement, pour l’ensemble de ces produits, le consommateur vietnamien recherche d'abord une certaine qualité. Cette recherche passe par la confiance dans le produit et le respect des normes sanitaires. À ce titre, les produits européens disposent de tous les éléments pour répondre à cette demande. Cette analyse du marché, déjà favorable à l’investissement, s’accompagne, sous l’ère de l’EVFTA, d’un allègement des procédures administratives et d’une réduction des droits de douanes.

L’accès au marché agro-alimentaire vietnamien facilité par l’EVFTA

L’allègement des barrières non-tarifaires

Grâce à l’EVFTA les exportateurs, qu’ils soient vietnamiens ou européens peuvent recourir aux plateformes régionales pour étiqueter, reconditionner et acheminer leurs produits sur le territoire de l’autre partie. Cette clause de “non-modification” permet donc le transit des produits par des hubs tels que Singapour ou Hong Kong sans que cela n’affecte l’origine du produit et donc le bénéfice des avantages tarifaires de l’EVFTA. 

En matière de boissons alcoolisées, les exportateurs européens peuvent être rassurés par l'engagement du Vietnam à ne pas rendre les conditions de distribution plus restrictives qu'elles ne le sont actuellement. De plus, la délivrance des licences respectera le principe de non-discrimination.

Concernant plus spécifiquement les produits carnés, les produits pré-listés seront considérés  comme satisfaisants le cadre juridique vietnamien et pourront donc être entrés automatiquement au Vietnam.

Enfin, et de manière générale, l’EVFTA soumet le commerce bilatéral entre l’Union et le Vietnam aux standards sanitaires et phytosanitaires tels qu’ils résultent de l’Accord SPS de l’OMC. Cet élément est une véritable garantie pour les consommateurs et une valeur ajoutée pour les produits de chacune des parties.

 

La réduction progressive des droits de douane

Les produits européens mentionnés ci-dessus étaient, avant l’EVFTA, fortement taxés à leur arrivée sur le territoire vietnamien (voir tableau ci-dessous). 

Or, ces taxes douanières avaient un impact significatif sur le prix final. Par conséquent, ces produits européens se trouvaient généralement réservés à un consommateur vietnamien au fort pouvoir d’achat. L’abaissement progressif, d’ici 10 ans, des droits de douanes devrait donc démocratiser les prix et élargir le public intéressé par ces produits.

 

Produit Taux de base EVFTA
Vins tranquilles et spiritueux 50%

Année 1 : 44%

Année 4 : 25%

Année 8 : 0%

 

Bières

35%

Année 1 : 34%

Année 6 : 25%

Année 11 : 0%

Fromages

10%

Année 1 : 8%

Année 3 : 4%

Année 5 : 0%

Saucisses et saucissons 22%

Année 1 : 20%

Année 5 : 12%

Année 11 : 0%

Viande de volaille fraîche et congelée 40%

Année 1 : 36%

Année 5 : 22%

Année 11 : 0%

 

En outre, cette réduction tarifaire permet une compétition plus équitable entre les produits européens et les produits étrangers bénéficiant déjà de préférences tarifaires. Par exemple, le Vietnam est aujourd’hui l’un des marchés principaux en Asie du Sud-Est dans le secteur de la boulangerie/pâtisserie.

Dans une étude de 2018, l’OCDE a estimé que la consommation de produits à base de blé augmentera à un rythme constant de 2,6% par an de 2017 à 2027 au Vietnam. Dans ce secteur, le « Made in France » dispose d’une solide réputation, ce qui lui permet de se différencier. Depuis le 1er janvier 2021, les entreprises françaises tirant profit de l’EVFTA bénéficient d’une nouvelle réduction de droits de douane à l’entrée au Vietnam. Cette opportunité est d’autant plus importante et nécessaire compte tenu de la forte concurrence dans ce secteur avec les pays signataires du CPTPP (Canada, Australie…).

Enfin, il convient de souligner que les dispositions de l'EVFTA concernent exclusivement les droits de douane. Elles n'affectent ni les droits d'accise, ni la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), ni les autres taxes intérieures.

Des appellations européennes désormais protégées au Vietnam

Le dernier élément significatif pour ce secteur relève de la protection des produits européens sur le marché vietnamien. 

 

En effet, le marché vietnamien est de plus en plus protecteur vis à vis des produits européens puisqu’il protège désormais 176 indications géographiques européennes. Cette protection juridique permettra de lutter contre la contrefaçon ce qui devrait rassurer les producteurs européens et offrir un gage de qualité et de transparence au consommateur vietnamien. 

Notons que cette liste n’est pas définitive, autrement dit, les parties auront toujours la possibilité de l’élargir au cours des prochaines années.

Pour l’heure, et du côté européen, sont notamment protégés 88 vins européens dont 27 vins français incluant des appellations renommées telles que Bordeaux, Champagne, ainsi que des bières, de nombreux produits carnés (ex : Jambon de Bayonne) et laitiers (ex : Feta ; Comté ; Parmigiano Reggiano…). 

Pour résumer, le secteur de l’agro-alimentaire est porteur, depuis plusieurs années, de nombreuses opportunités pour les investisseurs européens. À l’heure où le consommateur vietnamien est de plus en plus vigilant à l’égard de son alimentation, l’EVFTA vient renforcer l’attrait pour les produits européens et facilite, sur de nombreux aspects, leur entrée sur le marché vietnamien. 

 

© Article rédigé par la Chambre de Commerce et d’Industrie France-Vietnam (CCIFV). Droits de reproduction réservés.

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